Connaissez vous... Ralph Eugene Meatyard?|Discussion libre|Forum|Fotoloco
21 novembre 2015
Ralph Eugene Meatyard était un type normal. Né en 1925 dans la petite ville prénomée…Normal, dans l’Illinois, il s’installe ensuite à Lexinton dans le Kentucky, où il exercera la profession d’opticien. Il y fondera une famille heureuse, avec 3 enfants. Cela n’est pas précisé, mais je ne serais pas surpris qu’il y ait eu aussi un chien qui vienne lui porter son journal… Un type normal, c’est ce que je vous disais.
En 1950 quand son premier fils naît, il s’achète un appareil photograpique (un Rolleiflex). Ce seront les premières photos de famille. Quoi de plus normal ?
Puis en 1954, il intègre le club photo local. Il y rencontre le photographe et critique Frank van Dereck Coke qui va l’encourager et organiser 2 ans plus tard sa première exposition : « Creative Photography ».  Infatigable lecteur (il paraît qu’il lisait même en conduisant), il va aussi être influencé par la philosophie zen.
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Alors qu’est-ce qui le distingue ? Tout, justement. Le fait de vivre en-dehors des grands centres va certainement contribuer à sa profonde originalité. Il passera ses week-ends à prendre ses amis et ses enfants dans des poses et des mises en scène assez singulières. Affectionnant les jeux de masques et de poupées, les fermes abandonnées (une sorte de précurseur de l’urbex), des cadrages et compositions très personnels, il crée un univers assez étrange, inquiétant, entre rêve et réalité. Plus tard, des artistes comme Cindy Shermann, se réclameront de lui.
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Ne se limitant pas aux jeux de masque, il expérimente aussi diverses techniques : flou de bougé, double exposition, longue exposition sur l’eau devenant abstraction… Ceci est maintenant courant, mais assez rare à l’époque.
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Il paraît qu’il ne développait ses films qu’une fois par année, pendant les vacances de Noël, et découvrait alors seuleument le fruit de son travail annuel, autre singularité.
Malheureusement, sa vie fut écourtée en 1972 par une crise cardiaque. S’il a entretenu des rapports avec des artistes et écrivains, s’il a connu quelques expositions de son vivant, c’est surtout après sa mort que son œuvre a été reconnue comme totalement originale, dérangeante, et faisant l’objet d’aquisition d’importants musées.
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25 décembre 2018
Le monde de la photographie n’a pas gardé Meatyard sur le côté. Aperture a publié une belle monographie en 1974, à la fois en couverture rigide et en livre de poche. Nazraeli Press a publié un catalogue fort avec une exposition à l’ICP de New York. En 1991, le Akron Art Museum a également réalisé une rétrospective avec un livre.
Meatyard n’était pas le courant dominant, comme Emmet Gowin, Dave Heath et bien d’autres. Mais dans le monde photographique des photographes, des galeries et des musées, ces photographes sont très influents. Leurs livres anciens dans les premières éditions atteignent des prix très élevés. À Paris Photo de novembre dernier, j’ai vu au moins trois galeries avec Meatyard au mur.
Les images avec les masques faisaient partie d’une série publiée en 1974, intitulée The Family Album of Lucibelle Crater. Fort, travail obsédant.
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3 décembre 2018
Plusieurs points d’intérêt:
1. À moins que ma mémoire ne me manque totalement, le Rollieflex dispose d’un verrouillage pour éviter les doubles expositions, mais vous pouvez déplacer un cadran pour le déverrouiller et activer le déclencheur sans faire avancer le film -et ainsi effectuer plusieurs expositions de un seul négatif. Il en va de même pour le clone de rollers Minolta Autocord et probablement aussi pour le TLR Mamiya. Je ne sais absolument pas si Meatyard a utilisé un Rolleiflex, un Mamiya ou un Autocord.
2. Malgré ce que les experts en histoire de l’art disent à propos de l’aliénation de la société par Meatyard, il était apparemment un homme de famille, dévoué à sa femme et à ses enfants, et était également très ami avec le théologien Thomas Merton, qui était également un photographe assez honnête.
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