Connaissez-vous... Harry Gruyaert ?|Discussion libre|Forum|Fotoloco
21 novembre 2015
Après quelques photographes virtuoses du noir et blanc, il était temps de s’intéresser à un maître de la couleur, peut-être même LE maître actuel : Harry Gruyaert (et ma provenance hélvétique n’y est pour rien, je vous l’assure, dans mon choix de vous parler de Gruy(a)ert…)
Né en Belgique en 1941, il est membre depuis 1981 de la prestigieuse agence Magnum.
Après des études de cinéma et photo à Bruxelles, il s’exile rapidement à Paris, trouvant l’environnmement culturel de son pays natal un peu étriqué.
Il commence dans la mode, mais sans grande passion, disant lui-même être plus attiré par le contexte et l’arrière-plan que par les vêtements (même s’il avoue avoir quand-même eu « du plaisir à vivre parmi les mannequins »).
C’est au cours d’un travail documentaire sur une croisière, qu’il découvre le Maroc. Ce sera une révélation : il y voit“une fusion, les habitants sont mêlés au paysage dans une harmonie de couleurs, c’est le Moyen-Âge et Brueghel à la fois”.
Ce sera aussi pour lui le goût des voyages à la recherche de la photo parfaite, où la couleur va jouer un rôle central : “La couleur est plus physique que le noir et blanc, plus intellectuel et abstrait. Devant une photo en noir et blanc, on a davantage envie de comprendre ce qui se passe entre les personnages. Avec la couleur on doit être immédiatement affecté par les différents tons qui expriment une situation. ”Il se dit d’ailleurs plus influencé par le cinéma et la peinture, que par la photographie humaniste parisienne (Doisneau, Ronis)…
Après avoir parcouru le monde, il retrouve aussi son pays natal, et aprend à aimer ses couleurs où le « vert et le bleu pâle » dominent, à travers sa série « made in Belgium »
Il prépare aussi une série sur les aéroports.
Depuis les années 2000, Gruyaert est passé numérique, forcé par la disparition du Kodachrome. Il trouve que cette pratique fait perdre en rigueur, mais donne “accès à de nouvelles lumières et permet de prendre plus de risques”.
C’est en tous les cas, une source d’inspiration pour tout photographe intéressé par « l’urbain » : son utilisation des lignes, formes, lumière et couleurs sont un modèle d’intelligence et de sensibilité.
Une interview plus longue, à l’occasion du vernissage de son livre en Belgique :
Et puisqu’on parle couleur, je me permets de redonner le lien du très bon tuto que Blaise avait fait à ce sujet :
7 juillet 2015
Ah !, la couleur ! Le graal des années 70, le temps où il fallait faire péter la Kodachrome et où nous, pauvres amateurs, nous nous faisions fondre la rétine sur les photos des maîtres du genre. Le credo était simple : contraste et aplats.
Pour les adeptes de la géométrie, les maîtres s’appelaient John Bato, Pete Turner, Franco Fontana : couleurs saturées à l’extrême, filtre polarisant obligatoire, le dépouillement des images nous faisaient croire bêtement que c’était facile !
Mais le mouvement était partout et les magazines de mode étaient emplis des photos de Cheyco Leidmann, Guy Bourdin, Hans Feurer Uwe Ommer ou Steve Hiett.
C’était violent et tape-à-l’oeil, mais finalement assez envoûtant et a eu le mérite de nous apprendre la théorie des couleurs et la composition au millimètre. Il ne nous restait plus qu’à acquérir un peu plus de sensibilité pour nous ouvrir au monde d’Harry Gruyaert, Joël Meyerovitz : c’est le côté agréable de la nature humaine, on n’a jamais fini d’apprendre.
Amistat.