C’est une photo de Mild intitulée « Le Kiosque » et particulièrement les commentaires attachés qui m’ont fait repenser à Edith Gérin. Il y était question de la place d’un personnage dans la photo et de sa présence, autrement dit de la photo humaniste : « Le cœur dans les yeux », selon la définition de Philippe Soupault, c’est-à-dire placer l’humain au centre de son milieu. Les tenants de ce mouvement sont célébrissimes : H C-B, Doisneau, Willy Ronis et beaucoup d’autres. Mais il y eut à la marge de ce mouvement (et qui ne s’en réclamait pas) une femme qui eut une vision différente, savoir montrer un milieu avec de l’humain dedans, et nous en revenons aux commentaires sur la photo car l’interprétation est essentielle : Doisneau aurait peut-être attendu que le personnage fût plus proche et ait un geste remarquable (au sens où il devenait le point fort), Edith Gérin aurait peut-être déclenché un peu avant, faisant du kiosque et du milieu urbain le personnage principal avec quelques ombres humaines noyées dans leur environnement.

Les deux visions sont naturellement légitimes, ce sont seulement deux façons de voir le monde, là où d’autres montrent des parisiens, Edith Gérin montre Paris, ses personnages sont la plupart du temps de dos ou dans l’ombre, dans la brume, en silhouette, préférant la complexité de la lumière et des ombres

 

Edith Gérin, quoique née à Thionville a essentiellement photographié Paris et sa proche campagne (mais là encore plus en peintre impressionniste qu’en photographe paysagiste) et ce n’est que dans les années cinquante, quand elle adhéra au photo-Club de Bièvres, que son travail fut internationalement reconnu et exposé et qu’elle a pu s’échapper vers des contrées plus lointaines (mais nous sortons du propos)

 

Son travail est facilement consultable et les sites qui parlent d’elle sont nombreux, je vous laisse le plaisir de la découverte.