S’il est bien un domaine où il est difficile de prendre la bonne décision, c’est bien en matière de longues focales. Non pas que l’offre soit pléthorique, mais les sommes engagées imposent de faire mûrir son choix afin d’opter pour l’optique juste.

Une fois n’est pas coutume, nous allons commencer par voir ses points faibles. Le premier, et pas des moindres, son prix. Le Canon EF 300mm f/4L IS USM est pourtant, avec l’EF 400mm f5.6L USM, la porte d’entrée vers le monde des “grands blancs” à focale fixe. En effet, ils s’échangent tous deux contre environ 1350 euros neufs. Peu, si l' on considère le prix de leurs aînés, mais une belle somme pour le débutant ou même l’amateur éclairé. Il peut aussi être jugé un peu “court”. Ses 300mm sont confortables mais pas optimaux, par exemple pour de la photographie de petits animaux (oiseaux en particulier), et l’ouverture à f/4 obligera dans certains cas à forcer un peu les isos, pour obtenir un cliché bien exposé sans trop baisser en vitesse d'obturation. Son stabilisateur, quoique plutôt performant, a la fâcheuse habitude d’émettre un bruit clairement audible, qui pourra s’avérer gênant pour l'observation d’animaux craintifs. Enfin, sa couleur blanche attirera les regards vers vous et, si au début ceci pourra vous paraître plutôt sympathique, les clichés pris en toute discrétion deviendront difficiles à obtenir.

“C’est tout?” me direz-vous. Et bien oui, c’est tout ce que l’on peut avoir , réellement, à lui reprocher. Sur tous les autres points, le 300 f/4 L IS est clairement une réussite.

Sa qualité optique directement héritée de l’ancienne version “Non IS” est vraiment à la hauteur du sigle “L” qu’on lui a greffé. Le rendu de l’image est superbe dès la plus grande ouverture et ceci aussi bien au centre de l’image que dans les coins. Le vignettage, présent mais discret à f/4 est inexistant à toutes les autres ouvertures. La géométrie de l’image est tout simplement parfaite. L’aide du stabilisateur vous permettra de gagner au moins 2 vitesses (3 annoncées par Canon) et donc de pouvoir travailler à main levée aux alentours de 1/100ème de seconde sans voir apparaître de flou de bougé. Le mode “2” du stabilisateur produira de beaux filés en bloquant l’un des deux axes de stabilisation. Ceci sera particulièrement efficace pour de la photographie de sports mécaniques, sports de glisse et autres activités où le sujet peut être en mouvement rapide. La distance de mise au point minimum est aussi très courte pour une telle focale. Seulement 1.5m. La proxi photographie sera donc tout à fait envisageable. Les amoureux de bokehs artistiques seront servis. Le diaphragme à 8 lamelles conférant une douceur particulière aux arrières plans. L’autofocus n’est pas en reste. Il est très rapide et fonctionne à merveille en mode AI SERVO ce qui sera une grande aide en photographie sportive. Il est aussi d’une précision chirurgicale et, même si la retouche du point de focus est possible grâce à l’USM, ceci sera la plupart du temps inutile.

Côté équipement, Canon n’a pour une fois pas fait le radin. Le collier de pied est présent dans la boîte au même titre qu’une housse de transport que je trouve personnellement aussi moche qu’inutile. Mais le pare-soleil est aussi de la fête et de la plus élégante des manières. Il se déploie du bout du fût de l’objectif et est donc en permanence disponible. C’est réellement très pratique avec un filtre ND variable ou polarisant qui a de plus la bonne idée de mesurer 77mm soit une dimension très répandue.

Il faut signaler que l’utilisation avec un convertisseur x1.4 est tout à fait possible donnant ainsi une focale de 420mm à f/5.6. Les résultats sont plutôt bons et la perte de qualité induite par le convertisseur est tout à fait acceptable. En fermant à f/8 le rendu avec le multiplicateur est juste fabuleux. Le doubleur x2 pourra aussi être monté mais il faudra alors avoir un boîtier de type EOS 1Dx, 5D mark3 ou 6D pour pouvoir continuer à utiliser l’autofocus.

Au moment du choix, vous pourrez aussi trouver votre bonheur chez Canon, avec le EF 400mm f/5.6L et même le télézoom EF 100-400mm f/4.5-5.6 L IS USM. Sigma propose des zooms assez polyvalents comme les 120-400 mm f/4.5-5.6 APO DG OS HSM et 150-500 mm f/5-6.3 APO DG OS HSM mais leur qualité optique est réellement et très visiblement en retrait. Enfin, si votre budget le permet, offrez-vous la version f/2.8 de ce 300mm. C’est une merveille dans laquelle tout le savoir faire de Canon est concentré.