La relation entre les passagers est une dynamique particulière. Fixer le regard sur quelqu’un est vu comme impertinent, mais on partage la dissimulation avec laquelle on le fait. Sauf si on lit, on doit regarder quelque part. On monte dans le véhicule et, du coin de l’oeil, on devine le nombre et l’apparence des personnes ; mais on n’arriverait pas à faire leurs portraits robot. Parfois, on croise un regard par accident mais on se détourne tout de suite. A la fin, tout reste sous un voile flou d’anonymat et de distance. Comme si nous étions tous des fantômes de dimensions parallèles, on ne se croise pas.
* De mon livre photo "La vision de la sole". Commandes par message privé.