Que Napoléon soit venu à Montreuil depuis Boulogne en passant par Attin, en mai 1810, c’est une quasi-certitude. Pour le reste du récit, en revanche, il relève assurément plus de l’anecdote que de la véracité historique. Mais « que serait l’Histoire si nous lui ôtions toutes ses légendes ? », s’interroge amusé Jean Demont, un Attinois passionné d’Histoire.

Quand l’empereur Napoléon quitte Boulogne avec sa garde ce jour-là, l’impératrice Marie-Louise, qui a pris place dans la berline impériale, est d’une humeur exécrable. C’est du moins ce que rapportent les hommes de la garde ordinaire quand ceux de la garde d’honneur les rejoignent sur le trajet à hauteur du moulin d’Hubersent. « Ch’cat i est din ch’l’horloche », comprenez le chat est dans l’horloge : les deux époux sont en dispute. Indifférente aux avances de son cher et tendre, l’impératrice finit par céder, dit-on, en chemin.

Un bruit sourd dans la calèche
Napoléon lui prend alors les mains et les baise longuement, avant de tirer le rideau pour se mettre à l’abri des regards indiscrets. « Après le baisemain, il en est maintenant au catouillage , dira l’un des membres de l’escorte alors que le cortège arrive dans une série de virages longés par un ravin et menant au relais de la commune. La route se poursuit de longues minutes puis, arrivé dans un violent tournant, on entend un bruit sourd provenant de l’intérieur de la calèche. Un coup d’œil vers l’arrière et l’escorte aperçoit le rideau trembler. Les cavaliers se regardant dirent alors tout bas : « Cette fois, c’est la culbute. »

Le Catouillage et La Culbute
En bas du mont des Brosses, enfin, le fameux rideau se tire et Napoléon, remettant de l’ordre dans sa tenue demande : « Où sommes-nous ? ». « Sire, nous sommes en vue de Montreuil », lui répond son escorte. Plus détendu qu’au début du voyage, l’empereur aurait souri et déclaré mi-gêné mi-amusé : « Nous avons bien marché, je suis content. Et la paix est faite avec l’impératrice. » Au même instant, le cortège franchit l’embranchement de la route reliant Étaples à Montreuil.

Et voilà comment, de cette légende licencieuse et croustillante, auraient été tirés les appellations du lieu-dit Le Catouillage à Cormont ; du lieu-dit La Culbute à Attin (qui a aussi une rue du même nom !) et enfin du hameau de La Paix-Faîte à Attin… dont le panneau intrigue toujours autant les automobilistes de passage.