Ce matin, la petite maison était heureuse, elle se voyait enfin comme dans un miroir. Elle se trouvait belle avec ses volets oranges, et ce ciel qui coiffait son toit d'un bleu immaculé. Elle aurait voulu prendre cette parcelle de lumière qui dans cet instant illuminait ces murs et renvoyait son image dans cette goutte si parfaite, et d'une transparence inouïe. Hélas, elle n'était pas dupe, elle pressentait le moment où cette goutte se mettrait à glisser le long de cette tige végétale dans un lâcher prise incontrôlé et finirait sa chute dans un éparpillement irréversible. La maisonnette avait du mal à imaginer son image s'estomper, et elle s'accrochait désespérément à ce reflet furtif de sa présence tangible dans ce monde. Néanmoins, en ce bref instant, court mais intense, elle eut le temps de fixer dans sa mémoire de pierre cette vision d'elle-même qu'elle n'aurait jamais imaginé. La maison ne voulait donc pas assister à la mort inéluctable de son reflet, elle referma paisiblement ses volets pour occulter son image et la garder précieusement au sein de ses murs...