07 Avr 2013
Techniques pour photographier les chutes de pluie
Il existe des techniques pour photographier facilement la pluie: il faut l’éclairer par l’arrière. C’est particulièrement facile en studio de rue mais rarement commode avec une vraie pluie et surtout nécessite de l’équipement. Donc ce cours examine comment photographier naturellement la pluie – sans éclairage déporté.
J’étais bloqué il y a quelques semaines sous un auvent face à une pluie battante. Equipé d’un appareil photo et d’un trépied j’ai décidé de faire une expérience afin de vérifier l’effet de la vitesse d’obturation sur la pluie en train de tomber. La pluie c’est une petite goutte qui tombe – plus vous restez ouvert longtemps, plus vous capturez le parcours de la petite goutte; plus vous déclenchez rapidement, plus vous figez la goutte.
Mais si vous voulez vraiment montrer qu’il pleut à verse – quelle vitesse allez-vous choisir? La vitesse la plus lente est-elle la meilleure? Suivez mon expérience pour le découvrir.
La scène de pluie
Je n’ai pas choisi d’être coincé à cet endroit – ce n’est donc pas l’endroit le plus pittoresque du monde. Mais c’est une scène intéressante d’un point de vue expérimental car elle offre des niveaux d’éclairage très différents.
Sur cette photo fortement réduite voyez-vous la pluie? Pas vraiment hein… et pourtant c’est l’averse! On la découvre à travers la chaussée mouillée, le reflet de l’engin de manutention, les gouttes qui éclatent par terre. Si vous faites vraiment attention, on la voit vers le haut de la photo dans l’ombre du faîtage de toit et dans une moindre mesure sous la balcon à côté de l’écriteau « Thailand ». Gardez ces détails en tête – il y a déjà beaucoup à apprendre avec cette première constatation.
Je vais maintenant faire varier la vitesse: je me mets en priorité à la vitesse sur 1/100 de secondes et vais commencer à rallonger la durée (fermant de diaph puis en baissant l’ISO). Je vais vous montrer l’agrandissement de la portion centrale de la photo – là où on voit bien les gouttes.
1/100 de secondes:
1/50 sec
1/25sec
1/13 sec
1/6 sec
0.3 sec
0.6sec
1.3 sec
Sur cette première série de photos, on remarque qu’à partir de 1/13 de secondes on ne voit presque plus la pluie. Pourquoi? Sur ces poses longues je suis obligé de fermer le diaph: je suis à f/5 à 1/100sec au début puis rapidement je suis à f/22 à 1/6 de secondes. Donc à un temps donné il y a beaucoup moins de lumière qui touche le capteur quand je suis à f/22. Ca ne pose pas de problèmes pour tout ce qui est fixe, mais la pluie bouge! Donc elle a tendance à s’effacer au fur et à mesure que je privilégie la durée d’obturation au diaphragme. Ce n’est pas clair? Alors simplifions: sur des longues poses, tout ce qui bouge a tendance à disparaître. Regardez de nouveau mon 2e cours sur la photographie de nuit pour un bon exemple de ce phénomène.
En regardant les photos ci-dessus j’aurais tendance à dire que ma préférence va à la photo prise autour de 1/25 de seconde, même si je trouve les gouttes plus visibles sur celles prises à 1/100 pour la raison expliquée ci-dessus.
Faisons une deuxième expérience.
Dans la série ci-dessous je trouve la photo à 1/100 pas mal – on se rend bien compte de l’intensité de la pluie. Le filés de quelques 10-20 cm montrent la force de l’averse. Sur la prochaine, à 1/50 de seconde on a une sensation d’une pluie plus dense mais un peu moins forte – elle est plus harmonieuse et moins chaotique. Cet effet s’accentue à 1/25 et il faut activement chercher la pluie à partir de 1/13 de seconde. Au dela de 0.3 secondes la pluie disparaît presque.
1/100 sec
1/50 sec
1/25sec
1/13sec
1/6 sec
0.3 sec
0.6 sec
1.2 sec
Troisème expérience
Changeons maintenant le terrain d’expérimentation pour diriger mon appareil vers le sol – là où les gouttes éclatent. Le résultat est assez différent: je trouve la photo à 1/100 de seconde la meilleure. Elle offre une belle netteté sur les gouttes en explosion. Plus on diminue la vitesse plus on crée de la soupe… La dernière photo est particulièrement représentative de cet effet – l’averse s’est transformée dans de doux nuages de farine…
1/100 sec
1/40 sec
1/15 sec
0.3 sec
1.2 sec
Ma conclusion sur comment photographier la pluie
La technique la plus impressionnante n’est pas couverte par ce cours photo et c’est le rétro-éclairage. Le rétro-éclairage pourra se faire avec des flashs (déportés évidemment – en studio de rue!), mais aussi avec le soleil. Si vous avez de la chance de photographier de la pluie avec un soleil juste derrière ca va être très impressionnant (mais ca n’arrive pas souvent!). Mais à défaut de cela, si vous voulez capturer les gouttes de pluie voici mes « ‘découvertes » de cette expérience:
- Cherchez les zones de contraste: fond sombre mais gouttes bien éclairées. Un lampadaire la nuit sera particulièrement adapté à ce genre de photos! En journée repérez les éclairages, où les zones où le ciel éclaire mais avec un arrière plan sombre.
- Ne perdez pas votre temps à essayer de capturer les gouttes sur un ciel blanc ou gris.
- Si vous voulez capturer les gouttes en train de tomber je vous conseille de travailler entre 1/25 et 1/100 de secondes. Assaisonnez selon votre goût. Comme toutes les gouttes de tombent pas à la même vitesse inutile de vous fixer un chiffre absolu mais plutôt un point de départ pour éviter de tâtonner trop longtemps. Mettez vous en priorité à la vitesse (Tv / S) et l’appareil la mesure d’exposition s’occupe de tout. Vérifiez quand même vos ISO: quand il pleut il n’y a pas beaucoup de lumière généralement…
- Pour capturer les gouttes au sol, plus c’est rapide, mieux c’est.
Mais souvenez-vous que la façon la plus facile de représenter sur une photo une grosse pluie qui tombe c’est peut-être de se concentrer sur les conséquences de la pluie plutôt que sur la pluie elle-même: parapluies, gouttes dans les flaques, visages trempés, éclaboussures, macros de gouttes sur les plantes, personnes à l’abri, ruissellement de gouttières, etc… Et n’oubliez pas de garder votre appareil à l’abri de l’eau en re-écoutant mon cours sur comment photographier sous la pluie! Et pourquoi un photographe sur la Côte d’Azur fait pas un mais deux cours sur la pluie reste pour moi un mystère…
… et pour ceux qui se demandent comment la toute première photo a été prise, voici les mêmes garçons sous un autre angle :) La magie du rétro-éclairage…
Et vous – quels sont vos techniques pour photographier les chutes de pluie?
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Blaise Fiedler: Je suis photographe spécialisé dans le mariage sur les Alpes-Maritimes (06) et dans la belle photographie sociale.
Quand je trouve le temps j’aime partager ma passion de la photographie sur ce blog afin que tous puissent apprendre.
Commentaires
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Merci Blaise tes cours sont vraiment intéressants et utiles….
Quel professionalisme,quelle chance d’avoir un grand Monsieur pour les petits qui essayent de jours en jours de faire de la photo comme moi .
je suis de belgique au centre de Liege et sans vous cher Blaise ,je n’avancerais pas .
Merci Merci Merci pour ce que vous faite.
Merci Blaise pour ce tuto qui me sera très utile , surtout que je vis au pays de la pluie( dans le Finistère) et que je me demandais comment en tirer un avantage pour des photos sympas.
Merci aussi pour les autres tutos expliqués de manière simple, intéressante et sympathiques.
Merci pour tes explications elles sont claires nettes précises….
Que de compliments mais tu le mérites, faire partager ta passion comme tu le fait, c’est chouette!
surtout continues !
Merci, pour tout. J´ai enormement appris de toi et j´aime beaucoup ce que tu fais.
Et pourquoi ne pas faire une surimpression directe à la prise de vue (certains appareils le permettent, mon Pentax K-r par exemple, le fait). Une première prise de vue au 1/100s voire plus pour figer les gouttes puis une deuxième au 1/13s pour le filé, le tout avec un arrière-plan sombre, la pluie rétroéclairée par le ou les flashs ou le soleil ou toute autre source de lumière avec éventuellement une correction d’exposition pour ne pas surexposer l’ensemble fait en surimpression. Plus simple, utiliser le ou les flashs en rétroéclairage sur fond sombre puis faire en surimpression une seconde image avec une vitesse lente, ça pourrait être intéressant à expérimenter non ?
Oui – excellente idée pour une photo sans autre mouvement que la pluie.
Bonjour
Peux-tu faire un test sur les flash mètre?
Merci d’avance
Eric
Encore un cours qui nous fait progresser. Merci Blaise.
Et comme dit le dicton « après la pluie le beau temps »
Super merci beaucoup pour ce tuto incroyable
bravo et merci pour tous ces conseils en ce moment le sujet est pas difficile a trouver pas cher et presque trop envahissant mais très appliqué
Merci pour cet article. J’aime que tu nous démontre, photos à l’appui, ce que tu tentes de nous enseigner. Tu ne te contente pas de nous donner tes conclusions froidement, tu nous expliques comment tu en es arrivé là ! C’est formidable. Je prends note de la méthode et je tenterai peut-être la même approche avec la prochaine chute de neige. ;)
Encore un cours intéressent ;-)
Je vais faire un essaie voir ce que ça donne
Vos cours , et celui ci en particulier , meritent une pluie de compliments et de remerciements , pour leur clarté et pour la richesse de leur enseignement . Merci pour tout ces conseils et astuces à mettre rapidement en pratique .
Excellent cours!!!!!! Merci énormément Blaise!!!
Merci beaucoup pour tous vos cours
Nous pouvons y revenir à tout moment ce qui permet de bien assimiler et retenir
et les vidéos ,de voir aide vraiment à la comprehension
merci encore
Geneviève
Un grand merci pour ce partage de connaissances ! J’aimais la photo, mais grâce à tes cours, j’adore !… et, cerise sur le gâteau, je progresse ! Merci Blaise !
Bonjour,
Cool article, j’aurais juste une toute petite remarque purement linguistique :
Quand tu dis « [la puie] a tendance à s’effacer », sauf erreur de ma part ce n’est pas vrai, elle est au contraire beaucoup plus présente, tellement qu’on ne la voie plus. Et ce car elle est plus claire que le fond (pluie ~ blanche), donc elle « impressionne » plus la « pellicule ».
En tous cas merci de ce post
Fred
Merci Blaise vos cours, ils sont vraiment intéressants et utiles.
genial merci je passe un bon moment avec tes videos
Je n’ai pas vraiment essayé de photographier la pluie. Maintenant j’ai de bonnes indications pour tenter ma chance.
Vivement la prochaine averse « nocturne »
Merci Blaise pour tes précieux conseils.
J’arrive sur le site et c’est le premier tuto que je consulte. T’es vraiment un grand loco !!! Moi à qui la technique prend un peu la tête c’est clair net et précis et je connais maintenant la vitesse presque idéale pour photographier la pluie.
Merci! Je te souhaite un bon moment ici!
Bonjour,
Tout d’abord, je trouve super bien vos photos. Félicitation pour ce travail !
Je viens de m’acheter un Pentax XG1, j’aimerais le de découvrir, mais je vis dans la ville où il pleut le plus au monde!
J’aimerais faire des photos du même style que les flaque d’eau , les goutes qui éclatent, etc.
Mais je ne connais pas trop. A quoi correspond les 1/100, 1//60, 1/40 ?
Je ne sais pas si c’est réglable sur ton les appareils… Et comme je ne sais pas trop à quoi ça correspond, j’ai du mal à trouver cette fonction. Pouvez vous m’apporter de votre aide?
Cordialement,
Mathilde
Prendre une photographie c’est cadrer et exposer. L’exposition consiste à mesurer la quantité de lumière nécessaire en fonction de la sensibilité du capteur (les ISO) et de la luminance de la scène. Comme pour remplir un sceau d’eau on va ouvrir plus ou moins un robinet pendant plus ou moins de temps. L’ouverture c’est le diaphragme ( f/8.0 par exemple) et le temps s’exprime en ratio de seconde, 1/100s, 1/60s etc… Tout ça n’est pas bien compliqué mais complexe et je t’engage à visionner les tutos (en particulier ceux pour débutants) que tu trouveras dans la rubrique « article »