18 Avr 2014
Je laisse la parole aujourd’hui à Jeppesen, le Modérateur de fotoloco. Cet article va vous expliquer comment fonctionne vraiment votre appareil photo. Pas à quoi sert ce bouton ou ce réglage, mais ce qui se passe vraiment dans la boîte. Il intéressera donc grandement tous ceux qui aiment ouvrir leur capot de voiture et comprendre à quoi servent toutes les pièces dedans!
Si vous aussi vous avez un sujet que vous voulez partager avec la communauté fotoloco faites le moi savoir!
Réflexions sur le capteur et la mesure d’exposition
Le capteur
La photographie consiste à « capturer » la lumière. (du grec photo = lumière et graphie = écrire)
Une image c’est de la lumière mais en particulier la partie visible du spectre d’onde électromagnétique qui nous entoure. (il y en d’autre, la radio, les rayon X etc…)
Cette image peut être décomposée en une addition de 3 couleurs dites primaires, le bleu, le rouge et le vert.
C’est cette caractéristique qui va être utilisé par nos capteurs d’APN.
Nous allons utiliser des composants électroniques particuliers, les puces photovoltaïques. Elles ont la particularité de transformer les photons (unité de lumière) en électricité et ça d’une façon proportionnelle. (+ ou – de lumière = + ou – d’électricité)
On va donc en disposer plein sur une grille et chacune va mesurer un morceau de l’image envoyé par l’objectif. Oui mais alors le résultat ne sera qu’une image en noir et blanc, enfin plus exactement en niveaux de gris allant du noir au blanc.
Pour avoir la couleur on va en fait placer sur ces puces des filtres, suivant une répartition alternée, ne laissant passer que le rouge, ou que le vert, ou que le bleu. Du coup des puces ne recevront que les verts, d’autres que les rouges et les dernières que les bleus composant l’image à capturer.
Les fabricants optimisent le concept en utilisant différentes grilles. Une classique est celle dite de Bayer où il y 2V pour 1R et 1B afin d’optimiser la capture suivant les caractéristiques de la vision humaine (Sony a choisi une autre grille composée d’1V, 1B,1R et 1mauve).
Ces courants électriques sont ensuite analysés par l’électronique embarquée pour être transformé en données numériques sous la forme d’un fichier informatique, le RAW (en anglais, brut)
Ce n’est pas un fichier image, il doit ensuite être interprété pour être transformer en format jpeg, tif , ou autre type de fichier image.
Petit souci technique, les capteurs photosensibles émettent un bruit (parasites électriques) thermique lié à la température des composants et un courant d’obscurité provoqué par le déplacement aléatoire des électrons, même en l’absence totale de photons. Le niveau de bruit augmente avec la température du capteur ou de la température ambiante (il double tous les 5°). La sensibilité du capteur, exprimée en ISO, peut-être augmenté artificiellement par une amplification électronique du signal mais n’oublions pas qu’alors le bruit aussi est augmenté.Il va être parielement éliminé par des alogritmes complexes lors du traitement informatique
L’exposition
Maintenant comment calculer la quantité de lumière suffisante pour le faire réagir correctement ? Et oui, les fameuses cellules ont des seuils. En dessous d’une certaine quantité de lumière pas de réaction, c’est le noir. Au-dessus un courant maximal, c’est le blanc.
Pour cela on va mesurer l’intensité lumineuse de la scène et la quantifier en IL, Indice de Lumination (en anglais EV Exposure Value). C’est l’unité retenue dans le monde la photographie (il y en a d’autre, le lumens, le candela, etc…). Bon à connaitre, dans l’usage courant certain utilisent le terme STOP, ou DIAPH mais c’est la même chose.
L’intérêt de cette unité est que sa variation est logarithmique qui se traduit par le fait que pour augmenter d’1IL (ou diminuer) il faut doubler l’intensité lumineuse. Et ça c’est vraiment pratique pour la gestion du triangle de l’exposition.
Pour votre culture retenez que, sur cette echelle, l’indice 0IL correspond à une exposition d’1 seconde à l’ouverture f/1 pour 100 Iso.
Pour ceux qui ont un peu de mal à suivre :
De 1 à 2 IL deux fois plus de lumière, de 2 à 3 IL encore deux fois plus de lumière etc.. et donc pour passer de 1 à 3 IL il faut 2×2 soit 4 fois plus de lumière et pour aller de 1 à 4IL ? Et bien 8 fois plus de lumière (2x2x2).
Adapté au triangle :
On double le temps de pose pour avoir 1IL
– Ex : à 1/250s Pour augmenter de 1IL on passe à 1/125s
On double la sensibilité pour avoir 1IL
– Ex : à 200ISO Pour augmenter de 1IL on passe à 400iso
Et pour le diaphragme on…, aie!, là ça ne marche pas car il est exprimé sous forme de rapport (f/x) et donc cette fois, pour calculer x il ne faut pas faire x2 mais racine carrée de 2, soit environ 1,4. Pour ceux que les calculs effraient il faut simplement, dans la pratique, apprendre par cœur les valeurs remarquables de diaphragme. Passer de l’un à l’autre permet d’avoir deux fois plus (ou moins) de lumière.
– EX : à f/2.8 pour augmenter de 1IL on passe à f/2.0
Pour mesurer cette IL les APN ont en interne un posemètre. C’est le même principe que le capteur mais il ne fait que mesurer la quantité globale de lumière reçu en divers points. A partir de là un calculateur va estimer le nombre d’IL nécessaire, soit l’exposition, en considérant que la scène (enfin plutôt la moyennes des points de mesure) est de gris moyen.
Sans rentrer dans des détails techniques trop soporifiques, je vous propose d’insister sur la notion de gris moyen utilisé pour calculer l’exposition.
Vous avez surement lu ou entendu que la mesure consistait à ramener la scène visée vers un gris moyen 18%. Drôle de moyenne, non ? En fait la vision humaine n’a pas une dynamique linéaire, elle sépare plus les valeurs sombre que les clairs ce qui nous donne cette capacité à discerner les détails même en contre-jour.
On prend une grande respiration….attention….Techniquement cela se traduit par la notion de gamma qui est le coefficient de la variation logarithmique de notre vision.
Ne partez pas et respirez normalement, je vais faire court. Si on compare les 2 courbes, 18% de gris sur l’échelle linéaire, qui est celle utilisée par le posemètre, correspond à 50% sur l’échelle de la vision humaine, voilà pourquoi ce 18% est considéré comme gris moyen.
D’où les difficultés quand la scène n’est pas, d’un point de vue luminosité, homogène. L’exemple classique est un sujet sur la neige. Le système va calculer l’expo pour avoir ce fameux gris moyen et du coup la belle neige blanche se retrouve grise sur la photo. Il y a en fait sous-exposition.
L’autre cas remarquable c’est le chanteur sur une scène peu éclairée. Le système va ramener le sombre vers le toujours fameux gris moyen et du coup « crame » le chanteur. Il ya en fait sur-exposition.
Etc… et là vous comprenez que les automatismes ont des limites que seul l’expérience et le savoir-faire du photographe va pouvoir parer. Alors…tous au mode manuel!
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout et bon shoot
Image à la une sous Creative Commons par Brandon Christopher Warren
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Quand je trouve le temps j’aime partager ma passion de la photographie sur ce blog afin que tous puissent apprendre.
Commentaires
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Un grand merci pour cet article très intéressant! Tu m’as levé des zones d’ombre sur les 18% de gris et le gamma.
Merci, très intéressant et instructif, l’envers du décor mérite d’être à la lumière.
Merci toujours de bonnes et claires explications
slt
je suis tres ravi de faire ta connaissance je suis un debgutant du domaine j’aimerais bien un partage d’idee professionel
merci
Merci c’est toujours intéressant de savoir comment ca fonctionne
un peu de technique technique, ça ne fait pas de mal ;) Merci :)
Bonjour et merci pour ce cours, ces notions fondamentales sont expliquées de façon claire et concise.
Je ne connaissais pas ce rapport entre les diaphragmes, bien utile.
Je ne comprends pas ces 2 précédentes réponses de JEPPESEN, d’abord celle se rapportant aux propos de Patrick qui n’apparaissent pas ici ?.
Puis, la seconde, faisant, semble-t-il, réponse à « x » disparu lui aussi ou censuré ?.
Bref, merci pour le temps passé pour la rédaction de l’article.
Toutefois, je ne suis pas totalement d’accord sur l’opportunité ici de la conclusion « …Tous au mode manuel ! ».
Je crois au contraire – SI BIEN COMPRIS LE GRIS MOYEN – qu’il est plus simple d’utiliser les modes AV ou S, en choisissant la mesure centrale ou spot selon son sujet, associé à une CORRECTION d’EXPO selon les indications de la cellule (ou de l’histogramme).
Le mode manuel exige un bon niveau de connaissance et de pratique qui ne simplifiera pas, au contraire, le photographe dans sa démarche de progression.
Le modes P avec une mesure matricielle (ou évaluative) donne d’excellents résultats la plupart du temps.
Passage alors aux modes AV ou S si l’on veut maîtriser la Pr de Champ ou imposer une vitesse.
Puis, passage enfin au mode manuel si intérêt obligé, notamment dans le cas du dosage de la lumière avec plusieurs flashs…
Voilà mon bémol qui n’altère en rien le contenu de cet article.
Salut Dan
Mes 2 com étaient des réponses à des commentaires de Patrick L qui….ont disparu? Je les supprime donc.
Quand au tout manuel…je me suis mal exprimé, je parlais de la mesure d’exposition et ça par les différentes techniques comme la correction d’expo, la mesure spot, la mesure décalée/vérouilllée, etc..méthodes qui font l’objet d’article existant et/ou à venir. Mon article devant permettre d’en comprendre la raison technique
Bonjour JEPPESEN, merci pour cet article plutôt technique mais très bien vulgarisé.
J’ai toutefois une question qui me reste pour le moment sans réponse. Je la pose ici espérant que quelqu’un pourra me mettre sur le bon chemin.
Lors d’une pose longue, on remarque que l’appareil photo met un temps proportionnel au temps de pose après l’exposition pour rendre la main.
Je me demandais bien pourquoi, car si la pose longue consiste a laisser plus de temps d’exposition du capteur, elle ne devrait pas avoir d’influence sur le temps de récupération de chaque valeur des photopiles.
Est ce du a un temps de traitement plus long ? et en ce cas, l’utilisation d’un format RAW ne devrait pas non plus conclure a un temps proportionnel (puisque valeurs brutes)…. hum hum.
Bref, un mystère purement technique mais dont j’aimerai bien volontiers une explication.
Merci d’avance et encore merci pour cet article.
En fait rien de secret mais simplement, comme je l’ai dit le bruit est fonction, entre autre, de la température du capteur.
Cette température est égale à la température ambiante plus l’élévation par effet de joule (courant électrique). C’est comme une ampoule, quand tu l’allumes elle fait de la lumière mais également elle chauffe. Et donc plus le temps de pose est long, plus il y a du bruit.
Les constructeurs ont prévu une élimination systématique d’une partie du bruit pendant le traitement d’extraction des données du capteur pour en faire un fichier RAW et éventuellement un Jpeg suivant les choix de l’utilisateur. Ce traitement est d’autant plus lourd…et long que le temps de pose est long.
Après il faut voir les instructions constructeur. Moi sur mon Sony A77, ce dispositif se met en oeuvre à partir d’un temps de pose d’1s et dure aussi longtemps que le temps de pose mais peut être désactivé.
Thierry,
Ton appareil prend une seconde photo immédiatement après la première mais sans ouvrir le rideau. Cette seconde photo est exactement de la même durée que la première.
Cette 2e photo aura le même bruit que la première et en théorie QUE du bruit. Il est ensuite plus facile d’enlever le bruit de la 1ere photo par soustraction, ce que fait ton appareil photo.
Tu peux enlever cette option dans tes menus.
Blaise
Et ben si j avais su, je l aurai posé depuis longtemps cette question.
C est effectivement plus clair et je n avais pas du tout pensé à la seconde photo comme moyen de soustraction.
Merci à vous deux pour cette explication concluante et même si cela ne change rien à la prise de vue, on s’interroge souvent de la technique qui sommeille derrière les rideaux ;-)
Merci pour cette article et je vois que l entraide et le partage sur le réseau fotoloco marche du tonnerre.
Bien amicalement.
Merci très intéressant vraiment merci jeppesen.
Salut
Très instructif en particulier le 18/50% et la soustraction du bruit
Pour les puristes la suite (IL) est géométrique (2) et la suite des valeurs f est géométrique aussi (racine de 2 =1,414 arrondie à 1,4)
Merci pour toutes ces infos