Hier j’ai photographié des libellules au bord de la Siagne, une magnifique rivière transparente qui coule dans les Alpes-Maritimes. C’est un vrai bonheur! J’ai l’impression de vivre un safari animalier sans avoir besoin de prendre l’avion pour le Kenya.

C’était pour pour un exercice nouveau et cela m’a vraiment ressourcé! Me voilà assis dans la rivière avec mon appareil photo au ras de l’eau à anticiper le mouvement des libellules! J’ai encore beaucoup à apprendre dans la prise de vue des libellules, mais je veux immédiatement partager avec vous ce que j’ai déjà appris.

Où et quand trouver les libellules?

Les libellules vivent au bord de l’eau. Il faut que l’eau ne soit pas trop agitée, donc petites rivières, mares et étangs sont très propices à trouver des libellules.

Le matin et par temps gris les libellules roupillent et se cachent dans les herbes ou les arbres. Ce n’est donc pas un moment idéal.

En revanche par temps ensoleillé elles sont hyper-actives, chassant, copulant et observant.

A mon avis le moment idéal est donc une journée ensoleillé mais coupée par des nuages: vous aurez alors des libellules actives et pendant les périodes nuageuses de superbes photos dans l’effet du soleil.

Savoir observer les libellules

Je ne connais rien du tout aux libellules. Vraiment rien. Mais je sais regarder. Les libellules de la Siagne ont leurs spots: des coins où elles se retrouvent en grand nombre. Elles sont hyper actives, mais reviennent toujours sur la même branche. Elles y passent quelques secondes, font un petit tour puis y reviennent quelques secondes plus tard. Je peux donc anticiper où elles vont se poser et être prêt.

Je vous invite donc à bien regarder les lieux avant de commencer à shooter pour trouver la routine des libellules.

Ensuite vous verrez que chaque libellule a sa personnalité. Certaines se laissent approcher et restent plus longtemps sur leur perchoir: j’ai même l’impression qu’elles posent. D’autres sont frénétiques et timides. La grosse bleue par exemple ne se laissait pas approcher… jusqu’à ce qu’elle trouve un compagnon pour copuler!

C’est d’ailleurs ce que j’ai adoré dans l’exercice: en prenant le temps de s’arrêter près de roseaux on voit 1000 fois plus de choses sur le comportement de ces libellules que si on passait rapidement. C’est passionnant à regarder!

Ne pas hésiter à se mouiller

Absolument toutes les photos que je publie dans cet article ont été prises dans la rivière. Pas sur le bord de la rivière, mais dans la rivière. J’avais de l’eau entre les genoux et la taille pour atteindre des perchoirs situés dans l’eau, là où l’activité était la plus forte.

Avec 35 degrés à l’ombre et une eau merveilleusement fraîche et des photos passionnantes à prendre, j’étais pas loin du paradis.

Le matériel pour les photos de libellules

Il va vous falloir un appareil photo qui fasse la mise au point rapidement et un objectif photo qui possède un grand facteur d’agrandissement. L’idéal est un objectif macro.

Pour mon shoot hier j’étais équipé d’un plein format et d’un objectif macro Canon 100mm f/2.8L avec la stabilisation d’image.

Certains photographes d’insectes arrivent à utiliser un trépied. Pour moi c’est complètement impossible. J’étais dans l’eau jusqu’à la taille, au milieu de la rivière et je ne vois pas du tout comment utiliser un trépied dans ces conditions. Mais même en dehors de l’eau le trépied me fait perdre toute mobilité et je ne vois pas comment mettre en place le trépied et arriver à prendre une photo avant que la libellule ne reparte. Ca doit être possible, mais je trouve que cela ajoute un niveau de difficulté énorme à la prise de vue.

J’utilise toujours un pare-soleil. C’est particulièrement utile en bord de rivière pas temps ensoleillé avec de la lumière qui arrive de tous côtés via des reflets: le pare-soleil bloque avec efficacité la mauvaise lumière et augmente ainsi le contraste de vos photos.

Savoir s’approcher des libellules

Il faut à tout prix éviter de faire de l’ombre aux libellules qui immanquablement vont s’envoler. Mais sinon ce que j’ai découvert c’est que les libellules par plein soleil sont hyper actives et s’habituent très vite à ma présence. Il suffit de ne pas faire de gestes brusques et de rester en place quelques minutes et je pouvais faire à peu près ce que je voulais.

Il faut laisser les libellules s’habituer à vous.

Les réglages pour la photographie de libellule

Idéalement je vous conseille d’utiliser le mode manuel de votre appareil photo, surtout si les conditions d’éclairage où vous êtes ne changent pas beaucoup. Vous avez des choix importants à faire et je ne vois pas comment votre appareil photo peut prendre ces bons choix pour vous.

1. La profondeur de champ: le diaphragme est un des éléments principaux dans la profondeur de champ. Comme je travaille en mode macro la profondeur de champ est très faible, donc je dois fermer (un grand nombre f/) mon diaphragme pour augmenter cette profondeur de champ.

Pour mon shoot, j’étais entre f/11 et f/16.

2. La vitesse ou durée d’obturation. Travaillant sans trépied je choisis une vitesse qui réduit les flous de mouvement dûs à l’appareil photo et au sujet photographié. La stabilisation d’image de l’objectif photo me permet de réduire les problèmes au flou de mouvement de l’appareil photo, mais pas ceux dus au mouvement des libellules.

J’ai donc choisi une vitesse autour de 1/160s: c’est très suffisant pour le flou opérateur (appareil photo) mais un peu juste pour la libellule. J’aurais aimé travailler à des vitesses encore plus rapide, mais cela aurait été au détriment de mon diaphragme ou de mon ISO.

3. Enfin je règle l’ISO qui me permet à lui seul de programmer la bonne exposition. En effet avec la vitesse et le diaph bloqué, c’est l’ISO qui doit servir à bien exposer. Selon l’ensoleillement j’étais entre ISO 200 et ISO 640 ce qui produit des photos de très haute qualité (évidemment j’aurais préféré ISO 100, mais la photo est toujours histoire de compromis!)

Le problème de la profondeur de champ en macro

L’immense problème que j’ai à gérer lors de mes photos de libellules est la profondeur de champ. En macro on a des profondeurs de champ tellement fines qu’il est très dur d’avoir une belle netteté sur toute sa photo.

Mon objectif Canon 100mm f/2.8L macro peut faire une mise au point à 31cm. A cette distance je touche presque la libellule avec mon pare-soleil! Mais au moins le capteur est complètement rempli avec la libellule. Mais voici la profondeur de champ à cette distance:

• 31cm: 0.44cm (f/11) – 0.6cm (f/16)

Oui: vous avez bien lu! 6 mm de profondeur de champ en fermant le diaph à f/16! J’ai beau faire ma mise au point parfaitement mais je n’arrive pas à avoir toute la libellule nette!

L’astuce consiste à s’éloigner de la libellule et ensuite recadrer sa photo. En effet, je vois qu’à la distance minimum de mise au point, passer de f/11 à f/16 ne me fait gagner que 1.5mm de profondeur de champ (!!). En revanche me reculer un peu est beaucoup plus efficace:

• 40cm: 0.8cm (f/11) – 1.15cm (f/16)
• 50cm: 1.36cm (f/11) – 1.92cm (f/16)

Donc travailler à f/16 et passer de 31cm à 50cm triple ma profondeur de champ. Certes c’est frustrant d’avoir un objectif macro et de ne pas s’en servir à plein facteur d’agrandissement, mais la sensation de manque de netteté avec d’aussi petites profondeur de champ est un gros problème pour moi.

Et avec plus de 20 millions de pixels à ma disposition, je peux facilement et efficacement recadrer ensuite.

Comment faire sa mise au point sur une libellule?

Comment pour un portrait, il faut absolument faire sa mise au point sur l’oeil. Si l’oeil n’est pas net, alors toute l’image aura une sensation de manque de netteté.

Je vous ai expliqué comment je fais généralement ma mise au point: avec la technique MRD: mise au point – recadrage – déclenchement. C’est parfait, sauf que cela ne marche pas du tout en macro! Oubliez MRD.

En effet avec des profondeurs de champ aussi limitées le simple fait de déplacer son appareil photo après la mise au point va modifier votre plan focal. Il faut donc utiliser les différents points d’auto-focus de votre appareil photo et une fois la mise au point faite ne surtout pas bouger l’appareil photo.

L’objectif perpendiculaire à la libellule (ou le capteur parallèle à la libellule)

Le problème de la profondeur de champ en macro arrive quand le sujet n’est pas complètement parallèle au capteur. Si le plan de mon capteur est exactement parallèle à la libellule alors j’aurai une bien plus grande sensation de netteté. Il faut arriver à faire très vie de la trigonométrie en 3D, mais la récompense vaut l’effort!

Soignez votre arrière plan

Comme toute photo, l’arrière plan est ce qui va faire ou casser votre photo. Cherchez un arrière plan propre et simple. Idéalement votre arrière-plan offre un bon contraste avec la libellule.

Composition de libellule: espace devant le regard

Laissez toujours de l’espace devant le regard de la libellule. Certes, cadrez aussi serré que vous pouvez, mais si vous laissez de l’espace, alors faites-le toujours devant le regard de la libellule.

En post production recadrez serré

J’ai pris toutes mes photos en RAW et ensuite je les ai passées sous DxO Optics Pro 10. Ce qui m’a pris le plus de temps c’était de recadrer chaque photo. Ce qui m’intéresse sur les libellules c’est le détail fantastique de leurs corps, ailes et yeux. Il faut donc qu’on arrive à distinguer cela immédiatement sur la photo et le recadrage aide.

Les autres réglages de post production incluaient:

• Correction optique automatique de DxO Optics Pro
• Réduction de bruit PRIME
• Masque de netteté léger
• Petites corrections d’exposition globales

Pour aller plus loin dans la photo de libellules

Je suis très humble et note mon talent à prendre les libellules à environ 5/10. Je débute dans cet exercice, et même si j’ai des années d’expérience de photographie conventionnelle, c’est un exercice qui demande une connaissance de la nature que je n’ai pas. Sur les photos que j’ai postées sur cet article, je vois bien que l’arrière plan est un peu fouillis et que la netteté pourrait encore être améliorée. Il n’y a que la 2e et la 4e photo de cet article dont je sois vraiment content.

J’ai donc encore beaucoup à apprendre. Je vous invite donc à partager avec moi vos astuces et conseils pour prendre de meilleures photos de libellules. J’ai aussi trouvé de très bons articles français sur ce sujet que je vous invite à consulter.

• Blog de Clément Blin
• Blog de 1000 pattes

Je vous invite aussi à admirer les photos de libellules postées sur fotoloco:

• Photo de libellules sur fotoloco

Je vous souhaite d’excellentes photos et comme moi, je vous invite à continuer chaque jour à apprendre encore plus sur la photo. Ah oui, si vous reconnaissez le type de libellules que j’ai photographié, je suis preneur!

Mes photos de libellules en Creative Commons

Toutes les photos de cet article, je vous les offre en Creative Commons non commercial. Vous pouvez les utiliser pour illustrer vos propres articles, tant que vous ne les vendez pas ou ne faites pas de commerce autour de leur publication. J’exige simplement un lien d’attribution: Blaise Fiedler – fotoloco.

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Blaise Fiedler: Je suis photographe spécialisé dans le mariage sur les Alpes-Maritimes (06) et dans la belle photographie sociale.
Quand je trouve le temps j’aime partager ma passion de la photographie sur ce blog afin que tous puissent apprendre.

Posté par blaise06 dans Mise en Pratique